Si tu m'y autorises, je puis te conseiller de lire un peu de psychanalyse (tu peux penser : olala mer ptn je veu lir 2 la nerosiensse), histoire d'avoir un point de vue extérieur, parce que si ce qui t'intéresse est la démence, donc la folie, la neuro donne finalement peu de clés de compréhension.
C'est bien pour ça qu'on donne Freud à lire en première année de psycho, notamment Cinq leçons sur la psychanalyse, qui est très clair et qui retrace assez correctement la démarche freudienne de compréhension de la folie.
Sinon il y a Lacan et Jung qui sont d'excellents auteurs mais je ne vois pas trop chez eux de bouquins "faciles à lire" tmtc.
Dans tous les cas, le grand problème de la neurologie quand on s'intéresse à la folie, c'est qu'elle rend compte de phénomènes neurologiques qui ne permettent pas de comprendre les symptômes de la folie (Un grand système paranoïaque ne peut pas être compris avec des analyses neurologiques. Elles peuvent seulement rendre compte de ses conséquences sur le cerveau, ou de ses points neuronals d'activités). C'est à la fois un drame pour la science, qui commence ENFIN à reconnaître ses limites, mais aussi une grande avancée pour notre époque qui a longtemps été perdue dans une illusion majeure (je parle au passé pour me donner de l'espoir mais c'est encore le cas) : Le contrôle COMPLET du corps. Le cerveau n'est pas contrôlable en tant que corps, puisqu'il fabrique de la pensée, et qu'il est, d'un point de vue purement perceptif, pensée. Essayer de contrôler la pensée avec des moyens médicaux, sachant que la pensée est potentiellement infinie, c'est essayer de mettre des bâtons dans les roues d'un char d'assaut.
Autrement dit, si la psychanalyse peut être une bonne ouverture pour toi, c'est qu'elle tente de lutter avec la folie à partir de la pensée et du discours du patient, et non pas à partir de phénomènes neurologiques. Ca peut permettre, disons, d'affiner ton projet tmtc. Surtout que Freud, et c'est bien pour ça que c'est un homme très sympathique, est fondamentalement médecin et donc très méthodique, rigoureux et explicite, ce qui le rend tout à fait agréable à lire.
EDIT : Bon je donne quand même ceci, qui est un extrait d'un article de Lacan (1972), mais c'est juste parce que je trouve ça drôle :
"J’ai déjà parlé de ce qui se passe dans la psychanalyse, il faut quand même bien préciser certains points que j’ai déjà abordés, par conséquent que je crois pouvoir traiter brièvement au point où nous en sommes ; c’est que c’est le seul discours – et rendons-lui hommage – c’est le seul discours, au sens où j’ai catalogué quatre discours, c’est le seul qui soit tel que la canaillerie y aboutisse nécessairement à la bêtise.
Si on savait tout de suite que quelqu’un qui vient vous demander une psychanalyse didactique c’est une canaille, mais on lui dirait : « pas de psychanalyse pour vous, mon cher ! Vous en deviendrez bête comme chou ».
Mais on ne le sait pas, c’est justement soigneusement dissimulé, on le sait quand même au bout d’un certain temps, dans la psychanalyse, la canaillerie étant toujours, non pas héréditaire, c’est pas d’hérédité qu’il s’agit, il s’agit de désir, désir de l’Autre d’où l’intéressé a surgi.
Je parle du désir, c’est pas toujours le désir de ses parents, ça peut être celui de ses grands-parents, mais si le désir dont il est né est le désir d’une canaille, c’est une canaille immanquablement.
Je n’ai jamais vu d’exceptions, et c’est même pour ça que j’ai toujours été
si tendre pour les personnes dont je savais qu’elles devaient me quitter, au moins pour les cas où c’était moi qui les avais psychanalysées, parce que je savais bien qu’elles étaient devenues tout à fait bêtes.
Je peux pas dire que je l’avais fait exprès, comme je vous l’ai dit, c’est nécessaire.
C’est nécessaire quand une psychanalyse est poussée jusqu’au bout, ce qui est la moindre des choses pour la psychanalyse didactique.
Si la psychanalyse n’est pas didactique, alors c’est une question de tact, vous devez laisser au type assez de canaillerie pour qu’il se défichtre désormais convenablement.
C’est proprement thérapeutique, vous devez le laisser surnager.
Mais pour la psychanalyse didactique, vous pouvez pas faire ça, parce que Dieu sait ce que ça donnerait.
Supposez un psychanalyste qui reste une canaille, ça hante la pensée de
tout le monde !
Soyez tranquille, la psychanalyse, contrairement à ce qu’on croit, est toujours vraiment didactique, même quand c’est quelqu’un de bête qui la pratique et je dirai même, d’autant plus.
Enfin, tout ce qu’on risque, c’est d’avoir des psychanalystes bêtes.
Mais c’est, comme je viens de vous le dire, en fin de compte, sans inconvénient, parce que quand même, l’objet a à la place du semblant, c’est une position qui peut se tenir.
Voilà !
On peut être bête d’origine aussi.
C’est très important à distinguer".